lundi 24 décembre 2007

Un jeu d'enfants

Un Jeu d'enfants.

Réalisation : Laurent Tuel.
Scénario : Laurent Tuel et Constance Verluca.
Photo : Denis Rouden.
Interprétes : Karin Viard, Charles Berling, Ludivine Sagnier, Camille Vatel, Alexandre Bongibault, Aurélien Recoin.
Musique : Krishna Levy

Synopsis: Vous réviez de beaux enfants...En voilà deux mignons...enfin, c'était avant que deux étranges personnages leur rende visite...Car bientôt plus rien ne sera pareille...Le couple commence à se détruire, des choses bizarres se produisent et l'inévitable arrive...

Dans les 400 coups, François Truffaut, racontait l’histoire d’une famille qui se détruisait et alors, le réalisateur s’attardait sur les conséquences désastreuses que cela avait sur l’enfant, trouvant en Paris et ses rues, une mère de substitutions…

Ici Laurent Tuel prend l’a rebours du chef d’œuvre de Truffaut. Exit les rues de Paris, exit les extérieurs. On est enfermé dans un appartement, bourgeois, trop bourgeois (on pense ici à certain film de Chabrol, preuve que le ciné français, même quand il s’attaque au rivage du fantastique a du mal à se détacher de son histoire et de son exception culturelle…), mais pourtant c’est bien ici un couple qui se consume, jusqu’à l’incendie finale, ou tout se perd dans les flammes…

Tout le sujet du film est là, grand sujet, sublimé par une histoire de possession qui certes n’arrive pas à éviter tous les clichés, mais qui reste à mon humble avis une histoire superbe.

Le parti pris de Laurent Tuel et de nous enfermer dans cet appartement, de nous faire ressentir l’étroitesse des couloirs, ces portes que l’on n’arrive pas à ouvrir, cette vie qui tourne en rond, ces traumatissmes que l'on ne nomme pas mais qui sont bien vivants...

Nous suivons le quotidien de Marianne et de Jacques ( Karin Viard et…superbe de présence, jouant la folie avec une retenu superbe) et peu à peu, lentement, le bizarre s’installe.

Si j’ai évoqué Truffaut et Chabrol, nous pourrions presque ici alors, invoqué, aussi Pialat et son fameux film : A nos amours. Dans cet appartement, comme dans le film de Pialat, les personnages sont obligés de se croiser, l’intimité est limitée, on est obligé de faire sortir les enfants pour faire l’amour, quand la mère se lave, les enfants peuvent la voir…Je dirais presque n’importe qui...tout comme dans l'appartement du film de Pialat. Le drame devient alors inévitable, l'insuportable...

Si Jeu d’enfants est un film de possessions et de fantômes, un étrange mélange des deux, il est aussi un film sur le couple, la difficulté d’être au quotidien, que vient sublimement illustrer une histoire fantastique…Comme une étrange alégorie…Et je dois die que c’est généralement ce qui me plait dans un film. Quant l‘inquiétante étrangeté est une image d’une inquiétude, d’une peur ou d’un sentiment bien réel. Tout le contraire d’Hostel (Cf article ci-dessous…)…

Pourtant, réduire le film de Laurent Tuel à un simple film intello, chiant et franchouillard, serait une grave erreur…Ce film est un poison, une essence particuliére qui s'insinue dans vos veines lentement, qui prend possession de vous. Sublime non, pour un film traitant justement de possession, c'est-à-dire de perte de moyens…

Le tour de force tient au fait que c’est ici les enfants qui sont le symbole de tout ça…La chaire de notre chaire, se retournant contre nous, tous nos espoirs brûlant, partant en fumée…

Tour de force double, quant on saisit la justesse du casting, le visage de ces deux anges, parfaitement dirigés et subtilement éclairé…

Etrangement, Jeux d’enfant n’est pas un film qui fait peur, au sens ou il n’y a rien de spectaculaire, pas d’apparitions morbides et sanguinolentes. Et pourtant, il y a quelque chose d’effrayant dans ce métrage…Quelque chose qui tient du magique, qui vous prend le cœur…Le temps qui passe peut être…La souffrance et la distance qui peut se tisser entre des êtres…Les traumatismes que l'on a du mal à oublier...

Vous l’aurez compris, cette histoire de possession va bien plus loin que ce que l’on pourrait le croire à premier abord…Bien plus loin encore, malgré les cadres serrés qui sont comme un enferment, cette violence toute psychologique soutenus par des acteurs superbes de présences…

Jeux d’enfants est un film prenant sur le couple, la famille, les souvenirs, le temps qui passe…Le temps qui passe et qui nous assasine…

Hostel



Hostel.



USA-2005.



Réalisation : Eli Roth.

Scénario : Eli Roth.

Images : Milan Chadima et Shane Daly.

Distribution : Jay Hernandez, Dereck Richardson, Eytor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova, Jana Kaderabkova...

Musique : Nathan Barr.

Production : Chris Briggs, Mike Fleiss, Eli Roth, Daniel S Frich, Philip Valley, Scott Spiegel, Quentin Tarantino, Boaz Yakim.





Synopsis : Trois jeunes gens s'en vont en vacances en Europe...Et vas y que je me défonce, que je vais voire du côté des filles faciles...Ah ils croyaient s'amuser!! Et ben c'est raté...Parce qu'ils vont se faire méchament charcuter...Vous saviez que l'homme paie pour jouer dans des snuffs...

Hostel, ou quand le ciné n’est plus un « art » mais un véritable produit commerciale, une machine bien huilée, un petit budget certes mais qui rapporte gros !!

Sponsorisé par l’un des plus grand "remixeur" de notre temps, Quentin Tarantino et par un autre dérangé du ciboulot, Takaashi Miike…

Hostel, le film gore du pauvre !

J’aurais du vous parler de Fulci qui, avec Mario Bava et Dario Argento, est pour moi l'un des maîtres d’un certain cinéma, d’un certain savoir faire, qui semble ne plus exister…

Eli Roth en est la preuve, même si son film n’est pas non plus le pire du genre…

Pour moi Hostel est un film bancale, long, trop long…

C’est à grand renfort de battage publicitaire et fondamentalement mensongé, que ce film semble avoir fait son petit bout de chemin…

Le film le plus gore de l’histoire du cinéma qu’on nous dit…Il va falloir remettre vos pendules à l’heure messieurs dames…Même si bien sur le film propose son lot d'images chocs, c'est pas non plus de l'extréme gore (tête coupée, oeil pendant, scénes de tortures mal filmés ou filmée sans conviction...etc...etc...), on a vu pire...Entre autre certains métrages venuent d'allemagne dont je vous reparlerais trés bientôt...

Pour mettre les choses au clair, je n’aime pas le gore ou plutôt, je n’aime pas la gratuité…Bien sur, si vous me dîtes que Bacon ( le peintre) c’est du gore, là je vous dit oui !! J’aime !!

C'est-à-dire, un gore qui déforme l’âme, une souffrance qui liquéfie, modifie jusqu’à l’extrême du visible le corps. Le gore come une empreinte de l’âme…Revoyez le début de L'au-delà de Fulci…Pour moi un chef d’œuvre…

Le « gore » est comme un plus dans l’engrenage psychologique, comme une photographie d’une âme en souffrance. Il ne suffit pas alors de piocher de façon toute aléatoire dans les bandes d’actualité et dire : regardez comme l’homme et son monde sont dégueulasses pour faire un bon film gore !! C’est ce que fait Eli Roth…Mais en plus, pour ma part, je trouve qu’il le fait mal…Autant se regarder en boucle les Mondo Cane...

Il s’en est fallut de peu, qu’Hostel soit un grand film…Mais Eli Roth passe à côté de son sujet, le sacrifiant sur l’autel du facile et du spectaculaire…

Dés le départ, le film impose un faux rythme…Je dois vouer que j‘adore ce genre de faux départ, loin du schémas : une scène forte qui captive le spectateur et hop plus rien…

Hostel commence bien sur par une scène forte, violence surréaliste et puis…Et bien il faut attendre la dernière demi heure, pour voire le métrage décoller…Avant, vous vous serez tappé du mauvais American Pie !

Pourtant ces genres de films travaillant sur une ambiance, sur une attente et même sur un faux départ sont certainement pour moi les meilleurs (Audition ou même Psychose de Mr Hitch !!).

Bref, dés le début de ce film, on assiste à des pitoyables orgies, mal filmées, avec rien à se mettre sous la dent…Et tout repose là-dessus quelque part…Des ados, qui n’en sont plus, vont franchir un cap, allez plus loin, l’insouciance débouchant sur l’horreur abjecte…Une société violente dont ils vont faire l'apprentissage à leur dépend...Eli Roth joue sur le mythe (?) du snuff, sur ses disparitions étranges en Europe de l'Est du au traffique d'organe, critique donc de la pauvreté et de la misére...

Mais le problème c’est que ça dure juste un brin trop longtemps !!! Certes ça se veut dénonciateur de la bêtise humaine, mais il y a meilleur façon de le montrer et puis à quoi cela sert-il de démontrer des choses que l’on connaît déjà…

Bien sur le film, comme la plupart des films d’ailleurs, reprend le schéma des « contes ». Et oui, il y a plus de cruauté dans certain conte que dans certain film dit d’horreur…Le conte substrat de tout bon film à mon sens !

Ici, la forêt inhospitalière, c’est Amsterdam, la prostitution, la drogue… Le grand méchant loup tentateur, qui fait que nous quittons le droit chemin, des filles…Et voilà, nos trois pauvres jeunes pris dans l’engrenage de l’horreur et de la mort…

Une chose au moins est certaine, c'est qu'Eli Roth prend un malin plaisir à torturer des hommes, pas des femmes…Donc ça change un peu...


Alors bien sur, Hostel se veut énonciateur, pointant du doigt les penchants les plus pervers de l’humanité…

Mais avec un scénario bancal, un éclairage déjà vue, sans originalité qui arrive tout juste à rendre hommage à des textures que l’on connaît trop bien, des longueurs pas possibles, des scènes inutiles…

Non, peut être à part la fin, je n’ai pas trouvé une seule scène positivement marquante…S’il cherche à nous dégoûter de la violence c’est raté…Par contre nous dégouter de son film, là c'est évident...


Néanmoins, Hostel peut s'averer trés bon , pour une certaine génération, qui n’a peut être pas grandit avec les grands maîtres du sanguinolents, des ados qui n’ont pas encore terminé leur puberté…


En ce sens, Hostel est un film éducatif…



Mais si vous aimez l’intelligence des propos et les vraies films d’horreur, passez votre chemin car sinon, vous vous ennuierais…

lundi 17 décembre 2007

Chapitre 1 : Les yeux de l’automne…(Car elle a les yeux d’une biche et les cheveux colorés par l’automne…)




Ce soir là, en descendant la rue Fontenelle, seul mon ombre caressait les Gracieuses qui sur le pas de leurs portes m’appelaient de tous leurs charmes, parfum se volatilisant en volute de désir montant jusqu’au ciel noir. Je me contrefichais bien des quelques plaisirs que pouvait m’offrir ces compagnes, ces belles insoumises que j’avais tant aimé pour un soir, pour un soir seulement…


Ma journée n’avait été qu’une longue attente qu’un crépuscule avait finis par éclairer d’une lune pâle mais appaisante…


Je pressais le pas en direction de ce fameux banc et l’aire de la nuit brûlait mes poumons d’un souffle nouveau, une brûlure qui n’était pas du à la morsure des femmes ni à l’apaisant abandon éthylique. Non, c’était déjà ton souffle, renouveau, brise glacée d’une vie nouvelle que je sentais entrer en moi. Ma canne battait le pavé, c’était le seul bruit qui accompagnait mes pas quand j’entrais dans ce jardin, lieux de notre première rencontre et de notre premier rendez-vous mon ami, mon ami disparut…


Qu’est ce qui pousse l’homme à vouloir voir sous les masques, à voir l’invisible…


« -Détrompez vous…Peu cherche à voire et encore moins à comprendre…Les petites impressions faciles sont le lot quotidien des cochons qui s’en vont tous manger au même baquet…Mais je les aime quand même… »


Malgré sa taille proéminente et un certain handicap dans ces déplacements, mon ami a toujours su ce mouvoir comme un chat…En devenant l’amant de la nuit, on en prend les qualités…


Je sursautais et fixé malgré moi ce masque blanc, ce visage de tristesse, paysage désolé, paysage lunaire ou les larmes d’un royaume perdu avaient creusé des vallées profondes, si profondes qu’elles étaient devenues des puits sans fin…Un visage qui éclairait la nuit…


« - Je savais que vous viendriez…Je savais…Marchons un peu, voulez vous…Là bas, vous voyez à travers les arbres…Avançons encore… »


La voix de mon ami était entrecoupée de ce souffle étrange que j’avais déjà entendu la nuit précédente, comme le sifflement d’un asthmatique…


« -Comme nous avons de la chance ! La nuit veut bien de nous ce soir…Je vous assure que ce n’est pas donné à tout le monde…J’ai parcourut bien des lieux et la nuit n’est pas souvent peuplée. La nuit n’accepte pas tout le monde et elle est bien dure…Dans son cortége d’étoile elle emporte aussi des âmes…J’en est vu des êtres seuls mourir au creux de la nuit, dans les bras d’une Gracieuse, pendu au lèvre d’une fée verte…J’en ai vu dans la nuit des hommes se vidait de toute leur larme à tel point que leur cœur s’est asséché et qu’il s’est éteint au creux des astres qui sont aujourd’hui nos seuls compagnons…Je sais que vous êtes de cela…Je ne vous demande pas qu’elle femme vous a traîné là, mère ou amante, mais je le vois…Vous venez de rejoindre cette étrange caravane.. »



Le masque tourna son regard vers les cieux…Je ne disais rien…Sa présence, étrange, semblait envahir tout le petit parc, le petit parc derrière l’abbatiale mon ami…Te souviens tu, là ou tu es de ce petit parc derrière l’abbatiale…


« -Aidez moi à marcher, je voudrais que nous allions jusqu’au cloître si vous le voulez bien… »


Je sentis le bras de mon ami serré le mien, je sentis les lambeaux de sa chair à travers les gants qui recouvrait ses « mains » torturées par la vie, je sentis cette peau et toute la tristesse qui en émanait. On devinait facilement que ces vêtements n’était pas un choix esthétique mais bien plutôt une façon de cacher ce corps malade…Mais malade de quoi ? Je ne le savais pas encore…


« -Vous vous apprêtez à faire un beau voyage…Je ne me sauverais pas, mais peut être je vous sauverez… »



C’est habillé de silence que nous pénétrâmes le cloître abandonné depuis longtemps. Attenant à l’abbatiale en ruine, la place était sombre et seul la triste face blanche de mon ami semblait éclairé l’inquiétante pénombre. Il s’arrêta là un instant puis s’assit sur les marches de pierres humides qui montaient vers une porte de bois donnant sans doute sur l’intérieur de l’abbatiale.



« -Permettez que je reprenne mon souffle…Ne trouvez vous pas que cet endroit suinte le sacré…Plus personne n’y vient…Voilà à peine un an, que je suis arrivé ici et je n’y est encore vu personne ou presque… »


Il avait grand mal à respirer et je devinais sous le masque un rictus de souffrance…J’étais encore loin, très loin de la vérité…


« - Vous avez dit personne ou presque ?


-Ah je vois qu’il n’y a pas que ma face qui vous intéresse et vous intrigue…Comme je vous l’ai dit hier, je n’ai pas toujours été un monstre…J’ai même été, comme vous un jeune homme, pas des plus beau mais un jeune homme tout de même…Et là ou vous marchez, gît deux corps inertse…Le mien et celui d’une fée…Une fée à la chevelure rousse, une fée qui parlait aux étoiles comme je ne saurais jamais le faire, une fée voyez vous. Une fée fragile, comme toutes les fées. Mais on ne sait jamais ces choses là…Et c’est là, précisément ou vous vous trouvez que se trouve la tombe de mon amour…Là qu’est à jamais endormit le souffle de notre désir, les caresses qui sont autant de promesses trahis, de baisés qui n’ont plus de lendemain… »



Je reculais, stupéfait. Une tombe ? Je réalisais alors que j’étais là, dans la nuit, dans un cloître abandonné, avec un type qui se cachait le visage derrière un masque blanc et qui me parlait de fée. Moi, la seule fée que je connaissais alors, c’était la fée verte…Et sur le coup, pardonne moi mon ami, mais je l’ai bien regretté ma fée verte…



« -Et oui, très cher, je vous voit surpris…Une fée vous dis-je ? Et je ne vous demande pas de me croire…Mais si vous saviez et si les murs pouvaient parlé, ils vous diraient ce que je ne peux vous dire…Les murs savent et vous apprendrez…J’en suis sur…Rentrons ! »



Je m’aprettais à faire demi-tour mais il me rappela aussitôt…



« -Et alors, vous vous en allez déjà…Vous ne voulez pas voire ? Car n’est ce pas, il vous faut voire pour croire ? C’est au prix de quelque regard que se monnaie la confiance chez vous…Aidez moi à me relever…Nous allons dans l’abbatiale… »



Rentrez dans l’abbatiale ? Il faut imaginer, voyageur, que si tu t’égares par là, tu ne la verras jamais comme je la voyais à cette époque. C’était un monument étrange que cette abbatiale, haute, cerclé de gargouilles monstrueuses que le temps avait ridées, une charpente si haute qu’elle tutoyait les cieux, mais aussi si croulante qu’aucun homme n’était montée assez haut pour en réparer les poutres effondrées…C’était un monument finis, un monument qui devrait un jour disparaître…Peut être le lendemain même…



« -Si haut oui, qu’aucun homme n’y est allé, c’est vrai…Mais je ne suis plus homme et malgré ma santé fragile et mon corps vacillant, bien plus vacillant que ce monument perdus, je répond de votre sécurité… »



Je le suivais donc…Sait on toujours pourquoi nous poussons des portes ? Sait on toujours pourquoi nous voulons des ailleurs et des autres ? Ah, si j’avais eut le droit de regarder par le trou de la serrure et si j’avais vu, si je t’avais vu mon ami, comme je te vois aujourd’hui, toi qui la rejoint maintenant, je n’aurais pas hésité un instant, je l’aurais poussé cette porte et si c’était à refaire, je la pousserais à nouveau…Porte ouvre toi…Porte ouvre toi encore…Encore…Oh mon ami !! Oh Séléne !! Pourquoi ?? Que reste t’il de toi ?? Que reste t’il quand tout est finis ? Combien d’années de remords, combien d’année de pourquoi !!



« -Entrez…Mais faîtes bien attention, nous ne sommes malgré tout que des invités… »


Je fronçais les sourcils…



« -Mais non, ne craignez rien, j’ai tout de même mes habitudes… »



Nous pénétrâmes alors dans ce qui était une église froide et déshabillée de toutes ses reliques. Seul dans un coin, un tableau, de grande taille, représentant la plus belle femme que je vis jamais de ma vie…Et je le jure, et que Dieu ou Diable m’en soit témoin, je tombais amoureux de ce tableau…La chevelure rousse, la peau blanche, dans un paysage nocturne, un sourire avec une petite fossette sur la joue droite et des yeux…Ces yeux devait être le cœur de l’automne…Un automne sublime au creux duquel j’aurais bien voulut me reposer une vie entière…Oui, une de ces femmes à qui l’on donne tout, tout de suite…



Je vis la face blanche, la face du rien de mon ami et je compris alors ce qui les liait…



« -Retenez bien ce visage, camarade de mes nuits sans fonds…Retenez bien ce visage, car vous en verrez un autre tout à l’heure…Cet autre visage, il est le prix à payer pour tout homme qui aime et qui blesse la fée des fées, la reine de l’automne…Mon cœur, ma vie, ma mort…Je vous présente Séléne, ma bien aimée, mon amour et mon unique…Mais ne nous attardons pas…Il nous faut voire maintenant l’envers du décor avant l’arrivée du jour… »



Je fus alors contraint et forcé de quitter ce visage féerique et sa chevelure et ses yeux et...


Nous quittâmes donc la fée…Oui, mon ami tu avais raison, une fée…



Il s’arrêta devant un confessionnal, tombé à l’abandon depuis des siècles…


Il le fixa un certain temps…


Au dessus on pouvait lire : « Si c’est les rivages de l’hiver que tu fuis, monte, mais n’oublis pas ta part de joie…Sinon fuis ces lieux… »



« -C’est bon, très cher, nous pouvons prendre place…mais n’oubliez pas, souriez…Souriez…Même dans la tristesse, souriez…Et même souriez pour moi car sourire m’est devenus impossible… »



Alors sans demandé mon reste, encore marqué par le sublime visage du tableau, je montais dans le confessionnal.


Un bruit sourd se fit entendre, quelque part dans les tréfonds de la terre, se mettait en route un mécanisme étrange, que je devinais complexe et peut être magique…Croyez le, le confessionnal, s’éleva alors le long du mur et nous conduisit vers le plus haut point de cette abbatiale, là haut vers cette flèche qui tutoyait les étoiles…Une sorte d’ascenseur si vous voulais, qui me conduisit, vers un endroit plus étranges encore, comme l’on n’en voit que dans les contes…Et en plus de te rencontrer véritablement pour la première fois mon ami, car on ne se rencontre vraiment que lorsque les cœurs se livrent sincèrement, je devais voire la « chose » qui transforma ma vie à jamais…



To Be Continued….

Je dédis ce texte à deux personnes, deux bloggeuses que je ne citerais pas, par discrétion, par égard pour elle et par timidité sans doute aussi...C'est étrange comme des personnes que vous ne connaissez qu'à peine peuvent vous aider...L'une en écrivant une danse qui peu ressembler à votre vie et l'autre en prenant cette douleure de Noël!! Et oui car il y a des gens qui sont seuls à Noël...Je serais seul, je passerais la soirée en compagnie d'un livre (un conte de fées sans doute...) et une tasse de thé! Car ni les cotillons et encore moins l'alcool ne sont fait pour moi...Je ne bois pas (à part de l'absynthe, de temps à autre qu'en les lieux s'y prête et les personnes aussi!!) et je n'ai pas le coeur à rire...Car la dernière fois qu'on ma souhaité bonne année, je ne l'ai pas finis l'année!!!

Toutes mes pensées aussi vers mon coscénariste, qui m'a aider à reprendre gout...Tout simplement merci...

Et pour finir, c'est vers toi que je me tourne petit fée...Puisses tu peut être un jour te retourner et à nouveau croire en moi comme je crois en toi...Avec tout mon amour...

Le tableau est de Dante Gabrielle Rosseti.

Ce texte a été écrit sur : Corde Oblique (Prikosnovenie-Heavely), Ataraxia (Heavenly Voice)et Lisa Gerrard (Un ange passe) et Louisa John Kroll ( comme un souvenir tendre).

A bientôt...Paix et amour!

Corde Oblique : http://anonyme.archive-host.com/cordeoblique-03-casahirta_qc94rfdjcj.mp3

lundi 22 octobre 2007

Chap 0 : Première nuit.


Chapitre 0 : Car je suis un cri dans la nuit...
Ou comment je t’ai rencontré.

Ce soir là, la nuit était déjà bien avancée quand je descendais la rue Fontenelle. La douceur de cette nuit finissante et les rues désertes, m’invitaient à faire un détour comme pour prolonger mon ivresse. Je décidais donc de passer par le parc au pied de la vielle abbatiale. En cette heure, le jardin public n’était qu’une masse d’ombre, qui m’invitait à pénétrer plus profond encore dans les ténèbres.

Je n’avais pas fait trois pas, qu’un bruit, un sifflement, attira mon attention. Il est bien rare de rencontrer en ces heures, des gens arpentant le dédale obscur du noir de nos villes…Je tournais donc mon regard vers le fond du parc et je vis sur un banc, une masse recroquevillée sur elle-même et, du fait du faible éclairage, je n’aurais pu dire sur le moment s’il s’agissait d’un homme ou d’autre « chose ».

Il faut vous dire que ce lieu et ce banc là, ont vraiment quelque chose de particulier…De chaque côté de ce banc, se trouve deux Lions, comme on peut en voire en chine, des Lions porte bonheur, avec des corps de dragons…Bientôt ces deux chimères n’allaient pas tarder à me livrer leur plus terrible secret. C’est là que j’allais faire la rencontre la plus bouleversante de ma vie, la plus singulière aussi…

Je dois vous avouer que jusqu'à ce que le je le vois et jusqu’à ce que je lui parle, je n’étais pas grand-chose. Je me riais de la vie et donc de la mort, j’injuriais l’amour et mes relations n’étaient que des érotismes passager.

Je m’approchais donc du sifflement et je vis la plus triste des choses. Dans la nuit, il y avait une face blanche, très blanche qui brillait. Il ne s’agissait pas là, d’un visage blême, mais d’un masque avec deux trous pour les yeux et une fente pour la bouche. Ce visage artificiel était le prolongement d’un cou tordu qui sortait d’une bosse, que j’aurais du mal à appeler corps. Il s’agissait d’une sorte de boule avec cet atroce masque qui recouvrait je ne sais quoi. Dans la pénombre, je vis, accroché à une canne, des mains déformées, comme amputées…Je sursautais et même reculais.
« - Je vous ai fait peur ? »
La voix était humaine et même agréable et douce s’il n’y avait pas eut ce sifflement sortant de derrière ce masque. Je devinais alors que l’homme respirait avec grande difficulté.
« - N’ayez crainte, je ne suis un monstre que de l’extérieur. »
Je n’ai rien répondus. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai su des les premières phrases qu’il avait prononcé que ma vie allait être changée dés cet instant d’une façon irrémédiable.
« - Je ne fais confiance qu’aux hommes de la nuit et je vois que vous en êtes un… »
Je restais là, les yeux fixés sur cet homme. Je dois vous avouer que c’est la curiosité qui m’a fait accepter son invitation à m’asseoir à ses côtés.
« - La nuit porte en elle les traces de ceux qui veulent errer sans avoir à glisser sous les regards convenus, les sourires faux et les bouches bruyantes…La nuit c’est l’heure des exilés de la vie, ceux qui savent marcher sur le cadavre terre sans lever les yeux vers les étoiles. »
A ce moment, je ne comprenais pas, mais sa voix avait un certain charme et je suis resté. Je suis resté jusqu’au bout mon ami et je crois bien avoir été le seul. Je suis revenu bien des fois en ce jardin, qui était aussi la tombe de ton amour. Mais cela je ne l’ai su que plus tard.
« - Je pense que nous sommes tous des exilés. Il y a longtemps que j’ai perdu mon royaume. L’exile n’a pas de couleur, ni de peau, ni de cœur… »
Je n’osais le regarder et, alors qu’il entrecoupait ses phrases de silence, je me voyais moi aussi comme un être perdus. Je lui demandais son nom.
« -J’ai eut bien des noms. Des noms humains, des noms de bêtes mais tout ceux la sont morts…Appelez moi Rémy. Je crois que c’est sous cette appellation que beaucoup me reconnaîtront. Même si Rémy est mort. »
Je levais mon regard vers le masque qui me parlait et, je ne sais pas pourquoi, je devinais sous cette carapace blanche un visage triste, plus triste encore que la tristesse. Instinctivement, je me pris d’amitié pour cet étrange personnage.
« -Non, dit il, pas tout de suite…Mais vous savez, je n’ai pas toujours était comme ça…Quand la vie vous lâche, elle vous ampute, petit bout par petit bout…Et ça dure, ça dure. Jusqu’à ce que mort s’en suive ! »
Je ne sais pas si ces yeux croisèrent vraiment mon regard ce soir là mais quelque chose de nouveau entra dans ma vie…
« - Les gens passent par ici, mais il ne s’arrête pas. Vous savez j’ai connut bien des villes et bien des endroits mais c’est ici que tout va finir, c’est ici qu’est la tombe de mon amour et c’est ici que je m’arrêterais définitivement. »
Ses doigts difformes seraient le pommeau de sa canne, le corps d’une femme nue.
« -Il se trouve que vous venez de croiser ma route et vous serez le dernier à connaître… »
J’allais lancer une objection, mais le masque tourna sa tête vers moi.
« Regardez autour de vous, il n’y a personne…Si vous êtes venus, il y a une raison. Les gens ne se croisent pas impunément. Pourquoi vous je ne sais pas…Revenez demain… »
Il se leva alors et je pu voire ce corps, tordus, bossu, gonflé et j’avoue que se fut la seule fois que j’eus comme une sorte de dégoût en voyant ce corps malade, ce corps monstrueux.
Il se retourna alors vers moi et je vous jure que le masque pleuré, je vous jure que le masque semblait s’être transformé en une empreinte de douleur qui me pétrifia et me gela jusqu’au plus profond de mon coeur. Je ne sais pas ce qui se dissimulait derrière mais ce qui était certain c’était la souffrance qui débordait de toute part, une souffrance que même le masque ne savait retenir.
« -Je n’ai pas toujours était comme ça vous savez…Seul le beau voit le laid…Nous autres les monstres savons aimé mieux que quiconque…Revenez demain. »
Se furent les derniers mots que prononça mon étrange compagnon pour cette nuit. Je savais déjà que je reviendrais le lendemain.

Oh mon ami, si tu savais…Le manque d’autrui est la pire des choses. Le monde sans l’autre est un monstre…Le vrai monstre, c’est le monde sans toi…Tu me manques, comme elle te manquait…Je ne connaissais pas encore son nom…
Mon ami tu me manques…



PS : Bien sur ces mots sont entièrement tournés vers toi P VP...Ils sont pour toi...Avec tout mon amour...Même s'il ne sert plus à rien...

Re PS : Pour des raisons évidentes il s'agit là d'une version plus courte du chapitre...Peut être un jour...

Ils ont été écrit sur la musique des : Dresden Dolls, The Cure et Louisa John Kroll...
L'illustration est de Monet.

lundi 15 octobre 2007

La parade Folle : Prélude.


Prélude à la parade…

Si vous le rencontrez ne riez pas, ne l'injuriez pas, ne vous moquez pas…
Ce qui fabrique le monstre, ce n'est pas la torpeur de la raison, c'est la mort de l'amour…
Et je soupçonne aujourd'hui quelqu'un ou quelqu'une d'avoir un goût de cadavre dans la bouche…
S'il m'a confié la lourde tâche d'être sa bouche, je le ferais sans haine et sans injure. S'il m'a demandé de cracher au visage de personne, je le ferais, même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque…Je respecterais le monstre, comme on l'appelle, je respecterais le fou comme on le veut, je respecterais…Je ne me ferais pas jeteur de sort comme il me l'a demandé, je respecterais l'inacceptable…Mais je le répète, à construire sa vie sur un cadavre, on en vient fatalement à refoulé du gosier…
Je m'en vais donc, vous conter, goutte à goutte, le récit de celui qui fut mon seul ami, de ce coeur qui saigne. J'entends encore ta voix, traînante, je t'entends encore me parler d'elle et des contrées magnifiques que tu as vu.
N'y a-t-il que dans que dans l'oeil du « freacks » que le monde est une perle fragile ? N'y a-t-il que dans l'--il de ceux qui savent la laideur que la beauté existe ?
Pour ne froisser personne, quoique cela en vaudrait sans doute la peine, j'ai volontairement changé les noms et les lieux. Mon ami, tu vois, malgré ces années passées je te pleure encore et je suis le seul…Peut être car il n'y a que moi qui t'ai connut sous ce ciel là…Mais maintenant tu te reposes enfin…
Vois-tu quand je me regarde dans le miroir, et même si je me considère d'une constitution encore fort bellle, je comprends alors que le monstre c'est moi, c'est nous, c'est vous. De toute ma vie, je n'ai pas tendus la main, je n'ai pas aidé l'autre, j'ai joué de mon destin avec la facilité…J'ai rejeté ce que je ne voulais pas et j'ai évité ce que je ne désirait plus.
J'espère qu'au moins la haut la parade est belle et que tu as retrouvé Hyppolite à défaut de Séléne…Je ne l'ai pas connus vois tu, mais je pleures avec toi ce royaume perdus…Séléne…Sélene…Des mots qui veulent tout dirent...Des mots magiques...Mais ou est donc la clef de ce royaume?
Que commence la fête des fous, que commence la parade et que soit le royaume des amputés, des borgnes, des culs de jatte, des sans bras, des sans jambes, conduis nous jusqu'au ciel, chariot de Thespis, laisse nous nous enivrer à notre tour pour qu'enfin nous oublions ce qui doit être.
A la parade mes amis…

A Séléne ta tendre et assassine compagne, à Hyppolite et à tous les « freaks ».


Ps : Les gens sont étranges quand on est étranger. Les visages semblent laids quand on est seul. Et les femmes semblent perverses quand elles ne veulent pas de vous. Les rues ne sont pas sures quand on a le cafard. Quand on est étrange, des visages surgissent dans la pluie. Quand on est étrange personne ne se rappelle votre nom. Quand on est étrange…

RE PS : J'essaierais dans le mesure du possible de vous mettre ici, et ailleurs, ce récit qui n'est pas beau, qui est mal fait...Mais qui dit enfin...

samedi 13 octobre 2007

Blood Feast



Blood Feast.

USA-1963.

Réalisation : Hershell Gordon Lewis.
Scénario : Alison Louise Down.
Interprétes : William Kerwin, Connie Mason, Mal Arnold, Lynn Bolton, Scott Hall.
Images : Hesrhell Gordon Lewis.
Musiques : Hershell Gordon Lewis.
Production : David Friedman
Durée : 67 minutes.

Synopsis : Un restaurateur égyptien tue des femmes pour faire revenir à la vie une divinité.




Et l’on voit tout au fond, quand l’oeil ose y descendre
Au-delà de la vie, et du souffle et du bruit.
Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit.

Victor Hugo. Ce Que dit la bouche d’ombre.

Introduction : La chronologie ensanglantée.

Sur les parois de la grotte éclairée par une lumière vacillante, des ombres dansent, laissant entrevoir ici et là des dessins. La lumière les animent et d’un coup, une sagaie pénètre le flanc d’un aurochs, une pénétration violente et sanglante. Scène de vie, de peur aussi. Alors l’Homme comme pour exorciser ses démons intérieurs, comme pour éjaculer les peurs enfouies au fond de lui, dessinent des scènes violentes, préfigurant l’apparition des dieux et des premiers temps de l’esclavage. Car l’Homme qui dompte sa peur est un Homme libre…La magie des hiéroglyphes, la magie des écritures, 2001 L’odyssée de l’espace…Voyage fabuleux !


Avril 1886. Sur un quai à Paris, une petite foule qui va grossissante se masse…Elle veut voire celui que l’on nomme l’enfant de la rue verte. Un visage d’ange, reposant sur un siége rouge. Un visage d’ange, pâle, mort…Cette foule, qui n’est plus une foule mais un public, est venu soit disant identifier l’enfant mort, elle veut surtout sentir le cadavre. A peu prêt à la même époque apparaît le grand guignol et le musée Grévin, musée de statues pétrifiées dans une vie qui n’en est pas une et dans une mort qui n’est pas la fin. Alors, on vient voire toutes ces petites morts, comme pour se rassurer, comme pour se voir vivant…Se sentir immortelle, mettre une distance entre nous et le gouffre.


1899, un magicien c’est emparé du cinématographe. La magie s’invite au cinéma…Méliès filme Le suicide du Colonel Henry et à l’écran une tête éclate. Le sang jaillit, celui de la « sagaie », la mort s’empare de la toile blanche…Le cinéma est ce lieu étrange, cette caverne ou les ombres de la vie et de la mort s’accouplent, ou le passé rejoint l’aujourd’hui, sans laisser une seule part au futur. Une distance que la lanterne magique place entre nous et notre fatidique destin. Une histoire de distance….


1929. En gros plan, un œil est coupé en deux, un œil de femme. Dans le ciel un nuage passe devant une lune. On crie au scandale, Dali et Bunuel sont à deux doigts de passé sur le bûché avce Le chien Andalou !! Pourtant ici s’allie la violence brute et la poésie la plus folle. Un rêve éveillé, qui fait surgir sur les parois de notre conscience tant de choses englouties, l’éros et le thanatos…Il s’agit pour beaucoup du premier vrai acte, horrifique. Pour moi il est le plus beau ! Car l’Eros et le Thanatos…


Ceci étant dit nous en arrivons enfin au film qui nous intéresse, la fête du sang, la fête des fous, le couronnement du voyeur, le début de la fin…
Mais pourquoi cette fastidieuse introduction, remplit de dates ? Parce qu’il est important de comprendre que le cinéma n’est pas une évolution (ou une révolution) artistique mais qu’il est une création scientifique et moderne qui n’est jamais arrivée à ce couper des mythes anciens, des religions dîtes archaïques, qu’il est la fin de ce fil que le premier homme a tendus il y a quelques années en figeant sur la parois d’une grotte ses peurs, qu’il a transformé en dieu puis qu’il a cherché à mettre « à part », en posant une distance entre lui et la Chose ! Le cinéma ne fait que dire la fin de notre société…Tout était déjà là et le destin s’accomplit presque sans nous. J’espère que vous avez saisit les liens que j’ai voulut tisser et j’y reviendrais par la suite.



1-Juste pour un regard de toi…

Le cinéma répond au besoin du voyeur. Nous sommes ainsi, nous autres, pauvres humains, contrôlés par des pulsions que l’On a mis en nous, des pulsions que la plupart d’entre nous essayons d’occulter. Pourtant, nous ne répondons toujours qu’au seul et unique besoin du toujours plus. Toujours plus d‘argent comme si ainsi notre lendemain pouvait être éternel, plus de notes jusqu’au point d’en oublier la mélodie, plus d’images jusqu’à créer le cubisme et plus prêt, toujours plus prêt, jusqu’à en oublier même la nature même, je veux dire le naturel, de la vision. La vraie création cinématographique c’est le montage. Tout faiseur d’image est un jour confronté à ce fameux montage…Et si ce montage existe c’est que la vision qu’offre le cinéma n’est pas une vision naturelle. J’en veux pour preuve le gros plan.
Je parlais tout à l’heure du Chien Andalou, ce film était pour moi le denier rempart à franchir avant d’atteindre l’inaccessible. Et pour atteindre cet inaccessible il aura suffit d’un gros plan, celui de cet œil tranché en deux, coupé sur son hémisphère et relié à la symbolique lunaire.

Loin de moi de vous proposer une analyse du Chien Andalou c’est pourquoi, si vous me le permettez, je ne retiendrais pour l’instant que ce Gros Plan. L’acte en lui-même est bien sur un acte violent, mais ce qui créer cette violence ou du moins qui l’accentue, c’est justement le fait que l’œil est filmé au plus prêt, vision peu naturel ou alors de l’ordre du très intime. Ce qui n’aurait pas dut être vue et ici montrer. Ce qui était de l’ordre de l’intime, ou ce qui dans le théâtre classique aurait du se passer derrière le rideau est ici le centre de notre attention. Il explose face à nous et franchit le cap de « l’inmontrable », c’est à dire de l’obscène (dans le sens ou il ne peut pas être montrer sur scène) voire donc du gore…Avec le Gros plan, nous franchissons l’ultime étape du cinéma, nous oublions l’âme, l’humain, le contexte pour nous fixer sur ce qui n’aurait jamais du être vu. Si Godard disais le traveling est une question de morale, je dirais le Gros plan est une question de morale…Car le Gros plan, fait pénétrer l’intime, le plus intime, dans l’esprit d’un spectateur qui n’est pas préparé à cela. Le gros plan est l’acte le plus abject du cinéma, il est le domaine du gore ! Je tiens à prévenir que le gros plan peut aussi être quelque chose de symbolique et que parfois il ne faut pas s’attacher stupidement à la nomenclature des plans comme s’il existait une grammaire fixe du cinéma, mais bien allé chercher la force du symbole dans l’image…
Nous en voilà donc arrivé à Hesrhell Gordon Lewis…En 1963, ce réalisateur américain n’est qu’un artisan mineur d’Hollywood. Un petit fabriquant de nudies, c'est-à-dire des bandes que l’on vend dans les drive-in ou le scénario doit comporter quelques plans de nues sobres mais croustillant. D’ailleurs Blood Feast en propose un très bel exemple quand la pas très belle (désolé !!) Connie Mason, qui est à la base une simple palymmette, prend un bain de soleil en compagnie de ces quelques jolies amies. Voilà, ça vous donne une idée du genre de bande que pouvait produire Lewis.

Mais, donc, en 1963, avec son ami et producteur, David F Friedman, il écrie et tourne à la suite d’une des ces gentilles cochonneries, un film nouveau, un truc du genre : « rien de comparable dans les annales de l’horreur »…Tourné très rapidement, écrit tout aussi vite par une ex-flic, Hershell Gordon Lewis devient le créateur, aujourd’hui on le surnomme le grand père du gore, de la première vrai bobine sanglante…

Alors qu’est ce qui fait son originalité, qu’est ce qui fait que ce film devient un « premier » ? Et bien pour moi, clairement c’est le gros plan, avec toute sa valeur psychologique et symbolique. Gros plan de démembrement par exemple. Bon, autant le dire de suite, ce n’est pas aussi bon que Lucio Fulci, mais ce dernier est le seul réalisateur dit gore qui a vraiment mon estime, car il est le seul qui a sut porter aussi loin l’esthétique et la "mythologie" du démembrement, de la liquéfaction des chairs, du sang dégoulinant, débordant de la scène et du cadre à grand renfort de Gros plan.

Bien sur, Blood Feast possède son lot d’horreur et de plan de l’intime.
Mais il est un gros plan qui pour moi dit tout le film et qui même dit tout le gore. Etrangement, ce plan là, n’est pas sanguinolent.

Fuad, le meurtrier, tient une échoppe égyptienne. Vous verrez plus tard ce qui se passe dans le fond, derrière le grand rideau rouge qui dissimule son arrière boutique. Une femme entre, la mère de Connie Mason. Elle veut organiser un repas original pour l’anniversaire de sa fille. Et là, génie de Lewis, repris d’ailleurs plus ou moins au Mabuse, docteur hypnotique, il insert un gros plan, très gros plan des yeux. Un gros plan qui dure, et qui dure, et qui dure…Elle est hypnotisée donc, et fait marquant, nous le sommes aussi. Pour une fois comme on ne le sera peut être plus jamais on partage une intimité mal saine avec le tueur…Ce gros pan symbolise toute l’attirance, cette incapacité que nous avons a détourner le regard dans notre volonté du voire. C’est très certainement ce regard là, mais en moins intime, que devait avoir l’enfant de la rue verte…Nous sommes happé par cette bouche œil, ce gouffre dans lequel nous plongeons, dans ce face à face morbide. Voyez vous toute la subtilité du gros plan ? Et c’est Herschell Gordon Lewis qui nous l’offre avec des gros plan purement gore…Quelque chose devient palpable, quelque chose de surnaturel et de surréaliste…A la fois nous violons l’intimité d’autrui, avec cette caméra qui nous rapproche et donc grossit comme un monstre le personnage et en même temps ce dernier viole notre intimité. Alors ce gros plan dit beaucoup…Et l’on voit tout au fond de l’œil…On voit les crimes, on voit le sang…Mais ce sang là, on le connaît déjà, il est déjà en nous, mais on préfère voire celui des autres…Comme à l’époque des gladiateurs…Nous voyons et nous vomissons avec nos yeux. Il y a ce regard de Fuad et il faut le mettre en parallèle avec les crimes atroce qu’il commet !
Voilà la vrai création de Lewis, être aller plus loin que l’œil, plus loin que la scène et d’avoir poussé sans crainte, d’un geste rapide, le rideau rouge qui cache toutes les exactions de Fuad, qui cache tout ce qui est au fond de nous…L’intérieur de nous…L’intérieur du fou…Si le plan large met en valeur les structures internes d’un système donné, le Gros plan met en valeur l’interne lui-même, l’intérieur le plus invisible devient visible, mais sans la structure, sans le monde, ou du monde sans la structure monde du plan large…L’amas de trippe n’est plus corps, il est une structure, une partie du corps coupé du reste.

Chacun des crimes proposés par Herchelle Gordon Lewis met cela en évidence, c’est à dire des plans, des objets, des choses, des corps ou je ne sais quoi d’autre, qui sont « coupés » et bien plus encore, coupé du monde, des objets sans contextes qui deviennent des formes barbares et brutales pareilles à ces associations surréalistes. Le Chien Andalou est un cadavre exquis, Blood Feast est un exquis cadavre qui ne se reconstituera plus.

Attention je ne suis pas en train de dire que Blood Feast est un film surréaliste, non, il est même à mon avis, humain trop humain, mais je dis qu’en posant le gore il pose le gros plan et même va plus loin (car sinon on avait déjà ça dans le chien Andalou) en ajoutant à ce viole de l’intime, la couleur…Reste que pour moi la vraie question du gore, et c’est pour ça que je tiens tant en estime Lucio Fulci, reste le gros plan. En découpant un objet de son cadre, de son contexte on en fait en quelque sorte un agrandissement, un monstre qui malgré tout recolle à une réalité dans la qu’elle, par la même, on injecte de l’horreur. En coupant une jambe, en l’enlevant de son contexte on en fait une atrocité….

En ce sens Blood Feast est un film sans fond, je veux dire par là sans profondeur de champ. A aucun moment nous n’avons le droit à une mise en perspective, donc à aucun moment nous ne pouvons deviné un avenir, une quelconque once de joie…Le Gros plan engloutit les corps et l’œil les dévorent. Le gros plan s’approche tout en niant l’individu, c’est à dire, et c’est toute la symbolique du regard de Fuad, nous nous approchons du monstrueux, de la raison qui s’endort. C’est à mon sens ça le gore et c’est en mon sens cela qui fait de Blood Feast un excellent film dans ce genre et peut être même l’unique…Nous franchissons ici un seuil qui, en matière d’image, n’a que rarement était franchit. L’obscène au sens propre du terme, l’horreur quasi gratuite…Nous renouons ici, avec la sagaie, nous ne cherchons pas à expliquer l monde, à le mettre en perspective ou en équation, nous constons juste, sans pouvoir intervenir. Nous le voyons en état d’hypnose, comme le premier homme a dut regarder, avec horreur, la foudre s’abattre prêt de sa grotte. C’ets la notion de rationalité elle ême qui est relise en cause, c’ts notre quotidien lui-même qui devient invivable au point ou on ne peut plus le comprendre.

Cela étant dit, et j’espère bien entendus, il nous faut forcement nous intéresser à ce qu’il y a de plus gore dans le film : les crimes. Que des femmes bien entendues…Le premier crime filmé, avant même le générique, est pour moi une véritable leçon de mise en scène malgré les rudiments employés par le réalisateur. Il faut absolument la voire, même si je ne vais pas vous en parler ici. Cependant notons que dans ce premier crime comme dans tous les autres, il y a absence de perspective, ici un mur, ailleurs la nuit, encore un mur. Impossible de dire le monde, impossible d’être dans le monde et impossible de le fuir.

Rien n’est possible, même pas l’amour…Regardé ce petit couple tranquille sur la plage, qui a enfreint la règle des douzes coups de minuit, et qui vont se faire tuer. Tous les crimes possèdent leur gros plan. Tous nous montre que face à cette impossibilité règne une horreur sans nom.

Exemple encore plus frappant, c’est ce crime ou le son n’est plus avant le meurtre et ou au moment du crime, le son réel revient, un crie. Comme si la réalité n’arrivait pas à passer, toujours rattrapée par l’horreur. Le gros plan des crimes nous met face à face, tout comme le gros plan des yeux de Fuad nius mettait face à face, à l’indicible, à l’insondable et à abject. C’est ce qui fait à mon sens un grand film gore et ils sont peu nombreux…

Je voudrais avant de passer à autre chose, noté aussi en plus du gros plan, l’utilisation du flou. A plusieurs reprises au cours de ces scènes meurtrières, le plan devient flou, contourné par l’acte de montage, mais toujours bien visible malgré tout. Le flou c’est deux choses : l’excès et le manque de précision. L’excès quand on s’approche trop des choses, quand la caméra réagit physiquement à cette approche brusque et brutale. La mise au point ne se fait plus.

C’est aussi le manque de précision, car on est comme surpris par l’objet que l’on filme, surpris de se retrouver si proche, une sorte de réaction au contact des chairs. Dans cette zone de flou donc, il y a ce quelque chose, cette indisble, cette espèce de trou noir, cette variable qui nous fait tendre vers l’inconnue.

Le flou chez Hercshell Gordon Lewis, c’est cette impossibilité de dire le monde, cette impossibilité d’aller plus loin…Une censure ? Non, je ne crois pas…Plutôt une réaction physique de la camera face au biologique insoutenable…Une histoire de morale ? Non. Car si le Gros plan, comme nous l’avons dit plus haut est une question de morale, le garant n’est pas le réalisateur mais bien sur le monteur qui choisit de garder ou pas, d’insérer ou pas…Non, il s’agit là, d’une sorte d‘angoisse du filmeur, une angoisse qui se traduit par une étrange inexactitude, qui transparaît à l’intérieur même du plan…

Blood Feast n’est pas un film qui dit le monde, mais plutôt qui ne dit pas le monde, qui fait abstraction du monde pour passer à travers l’objet, le corps lui même n’étant qu’un objet, les victimes n’étant plus rien d’autre que la viande. A part Fulci le cinéma n’a jamais était aussi loin dans le non dit, dans le non monde, dans ce qu j’appelle pour ma part, le grand nulle part. Pour trouver des équivalent il faudrait aller voire du côté de la peinture, du côté de Bacon, Soutine, les monochromes de Malévitch (n’y a-t-il pas plus blle façon que de dire adieux à l’œil) et peut êre même du côté des abstractions, qui sont les seules images qui vont plus loin dans le sens ou elle traverse carrement la matière…


2/ Archaïsme et Primitivisme :

Bien sur comme vous pouvez vous en doutez en lisant ce court billet, je n’ai retenus de Blood Feast que les scènes gores, les meurtres en faîtes. C’ets peut être qu’il n’y a pas grand-chose d’autres…Je vous l’ai dit Blood Feast est un film sans fond…
Mais il ne faudrait pourtant pas négliger le reste…Car Hershell Gordon Lewis fait ici preuve d’un archaïsme génial et d’un primitivisme fabuleux ! Pour ma part, je trouve ça très beau. On oublie souvent les choses simples, ce qui fait que ces mêmes choses simples se perdent. Rappelez vous cette phrase de Robert Bresson qui disait pourquoi mettre deux violons là ou tu n’en a besoin que d’un…Bon, ce n’est pas franchement le cas dans Blood Feast et je dirais même qu’il y a du baroque dans ce film, surtout dans cette génial première scène d‘ouverture, fond bleu etc…
Mais il faudrait aussi nous rappelait de Picasso qui après avoir reproduite toutes les peintures du Prado, tombent amoureux d’une statue africaine, art simple et primitif qui le conduira vers d’autres chemins, ceux là même que l’on connaît.
L’archaïsme d’Hesrhell Gordon Lewis remonte à la nuit des temps. Rappelez vous mon introduction sur la caverne. Rappelez vous maintenant le rideau rouge que nous n’avons pas encore franchit et qui se trouve ans l’arrière boutique de Fuad. Il ets temps maintenant de passé à travers…

Nous y voilà et ou avons-nous pénétré ? Dans la grotte, dans ce lieux fermé ou se créer le culte sanglant, ou se créer la nouvelle déesse, le veau d’or…Retour au source d’une humanité, retour dans la grotte première…Nous y voilà donc et vous comprenez alors qu’elle interconnexion Blood Feast fait intervenir. Nous voyageons des millions d’années en arrière. En choisissant une sorte de sorcier des temps anciens perdus dans une civilisation qui ne peut le reconnaître, au nom de la morale encore et toujours, Lewis nous fait pénétrer les univers oubliés, la cruauté première, qui sous le couvert des dieux, s’adonner au pire des sévices.
Encore une fois dans cette grotte des horreurs, base de notre humanité et matrice génératrice de morale, il n’y a pas d’échappatoire, pas de mise en perspective.
Il faut alors se pencher vers Méliès, le magicien pour comprendre (vous voyez qu’elle n’était pas inutile mon introduction !!). Des plans de Méliès on dit couramment qu’il reprenne le point de vue du monsieur de l’orchestre. C’est à dire qu’il n'y a pas dans les films de Méliès de mouvements de caméra et que dans sa fixité la machine épouse le regard de monsieur tout le monde, le regard d’un sectateur lambda dans un théâtre. Ce qui n’enlève rien de la magie et de la superbe des films de ce génial créateur.

Et bien, dans cette idée d’un primitivisme fabuleux, Lewis reprend à son compte ce type de plans, filmant frontalement, emprisonnant le regard, pas toujours dans l’horreur d’ailleurs, et donnant plus un spectacle (on pense au grand guignol bien sur !!) qui dit encore l’impossibilité de voire et même l’impossibilité d’échapper au reste…Une sorte de théâtre filmé, comme on peut le voire entre autre dans les scènes ( catastrophiques ??!!) du commissariat, un théâtre sur joué comme pour être au dessus, au dessus du monde sans pouvoir ni le voir, ni le toucher…Peut être que le vrai atroce est là…Juste dans l’impossible, dans l’inatteignable…

Blood Feast est un film étrange donc, à la fois pionnier, découvreur de nouvelle terre, mais en même temps renouement avec la beauté du primitif, de l’archaïque et du cinéma d’entend. Un film qui ne dit rien et d’on le seul message est là, dire l’impossibilité du dire, montrer ce qui ne se montre pas. Lewis, en véritable pionnier franchit des frontières que personne n’a franchit avec autant d’habileté et de bravoure exception faîtes pour Lucio Fulci.


Alors bien sur, Blood Feast est un film un peu vieux, un peu passé mais peu importe…C’st aussi ce qui fait son charme. Il reste encore comme toujours une trace du plus bel archaïsme, de celui que je préfère, de celui qui reste attaché à mon cœur comme un boulet : le conte…Car Fuad est un méchant loup qui dévore les pauvres petites filles, mais qui paiera pour ses crimes abject et son cannibalisme.


Il s’agit pour moi d’un summum que l’auteur lui-même n’égalera jamais…


Je ne sais pas encore de quoi je parlerai prochainement...Et je ne sais pas si j'y arriverai...Je ne sais pas...Je ne sais même pas si je continuerais...Merci en tout cas aux quelques uns qui me lisent...Franchement ça fait trés plaisir...Merci pour les commentaires...

dimanche 16 septembre 2007

La dernière maison sur la gauche






La dernière maison sur la gauche.
(The Last House on The Left)
USA-1972.
Réalisation, scénario, montage : Wes Craven.
Interprètes : David Hess, Lucy Grantham, Sandra Cassel, Marc Scheffler, Ada Washington, Fred J. Lincoln.
Images : Victor Hurwitz.
Musique : David Alexander Hess.
Production :Sean S. Cunningham Films Ltd.
Durée : 82 minutes.

Synopsis : Mary Collinwood et son ami Phyllis Stone s’en vont à un concert. Mais voilà sur leur route elle croise Krug et sa drôle de famille. L’horreur la plus abjecte peut commencer…



Il est ainsi quelques réalisateurs, franc tireurs, marchant en parallèle au système qui ne craignent rien ni personne, prêt à aller là ou aucun autre n’ose s’aventurer, qui décident d’aller jusqu’au bout du cauchemar, ce même cauchemar que nous essayons tant bien que mal d’occulter chaque jour mais qui est pourtant là, bien présent, au quotidien oserais-je dire. Des réalisateurs qui nous rappellent que ce que nous appelons couramment horreur, fantastique ou gore, n’est pas uniquement un genre qui sert à faire frissonner lors de soirées pop corn (quoique je n’ai rien contre et je dirais même que j’en raffole !!), ni un simple spectacle pervers et obscène. Non, parfois il s’agit de bien plus que cela et là ou la critique crie au scandale, il nous faut voire une œuvre à part entière.

C’est le cas de La dernière maison sur la gauche, sortie en 1972. Wes Craven fait partie de ces réalisateurs qui tentent, qui osent et cela dans au moins deux de ces films, à mon avis les plus remarquables de sa longue filmographie et même de l’histoire du cinéma en général. Ces deux films sont pour moi La dernière maison sur la gauche et La colline à des yeux (là, tout est dans le titre et surtout zapper le remake d’Alexandre Aja !).

Craven, tout au long de sa carrière n’a toujours en faîtes que filmé la réalité la plus abrupt, même dans Freddy ou le fantastique n’est qu’un prétexte, la déclinaison du conte et des archétypes Jungien (en un mot un méchant loup et de pauvres jeunes filles, la base de tout, pour vous simplifier la chose). Car le sujet de Craven n’a toujours était que sociologique…La base de la plupart de ces films, du moins de ces plus réussies encore une fois, c’est la famille et plus particulièrement la destruction de cette cellule familiale et le mirage qu’elle nous propose. L’œuvre de Craven jette un regard sur l’une des unités les plus minimale de la société, le cocon familiale donc, et montre combien celui-ci n’est que poussière et combien la plupart du temps l’individus est bien plus animal que ce qu’il le croit avec la cruauté en plus (à ce sujet La colline a des yeux est son film le plus réussit et cet aspect est malheureusement complètement effacé par Aja). Le fameux cerveau reptilien est l’essence même du film d’horreur et plus particulièrement du slasher, c'est-à-dire du film ou le héros n’a qu’un seul but : sa survie coûte que coûte face au « croque mitaine » que celui-ci s’appelle Freddy, Jason ou Myers. La question est toujours de savoir contre quoi on lutte et non pourquoi. Craven déclinera d’ailleurs ce thème dans l’une de ces œuvres les plus marquants, qui relancera le goût pour ce genre de film auprès de la jeune génération : Scream (on notera encore une fois la force des titres chez ce réalisateur !). Dans Scream donc, Sidney (la fabuleuse Neve Campbell !!), doit survivre face à un Slasher portant le masque de l’angoisse (référence à Munch et génie de la mise en scène plastique) tout en évoluant au sein d’une famille qui n’en est pas vraiment une, puisque la mère est absente, morte et qu'elle n’était d’ailleurs pas forcement fréquentable de son vivant. Et tout le film peut se résumer à cette sombre histoire de famille…J’y reviendrai plus tard. On retrouve aussi ce thème dans Freddy premier du nom…
Mais la première héroïne cravienne (voici un jolie néologisme n’est ce pas…Mais avec ce réalisateur on est presque obligé !!) est Mary Colinwood (Sandra Cassel Lincoln) et elle rencontre le premier vrai méchant cravien, dénommé Krug.

Mary est une jeune fille « bien », tout ce qu’il y a de plus normal, un père, une mère, un chien, une grande maison etc…C’est son anniversaire, Mary va devenir une femme, elle va changer, évoluer…Les images de Craven sont d’ailleurs à ce niveau plus qu’éloquentes, le film s’ouvrant sur une nature et ces arbres aux couleurs automnales. Alors que Mary atteint le printemps, la fleur de l’âge, à l’écran les feuilles tombent et la nature se prépare au grand sommeil ! Dès les premiers plans, c’est tout le génie de Craven qui explose, toute la symbolique du décalage, les jeux troublants des oppositions c’est à dire tout le système sur lequel est bâtie La dernière maison sur la gauche. Plan troublé, pudique de Mary sous la douche, vue ou plutôt non vue, à travers un rideau de douche, reflet dans l’eau des sous bois...On comprend ici la mise en parallèle…

Musique country, allusion au Leaving Theatre et à toutes les illusions (j’insiste volontairement sur le mot !) des années 60’s. Bien sur Mary est dans l‘air du temps et elle s’en va avec sa meilleur amie à une de ces représentations à la mode à l’époque et ce contre l’avis de ces parents qui viennent tout de même de lui offrir un pendentif Peace And Love. Conflits des générations, décalage de l’âge, premier acte de la « décomposition » de la cellule familiale ! Il faut bien que jeunesse se fasse. Génie encore de l’écriture chez Craven, puisque tout cela est dit en l’espace d’à peine dix minutes et tout passe par l’image en un minimum de dialogues…
Mais, encore une fois, La dernière maison sur la gauche a aussi tout d’un conte. Les jeunes filles, les sous bois et le vilain loup. Ne reste plus qu’à trouver la morale !!
Comme dans un conte, disais-je, Mary Collinwood (noté le choix du nom et du prénom !) descends dans les bas quartiers pour y trouver bien malgré elle le loup. Décalage à nouveau entre la vie de Mary, sa grande maison et tout le reste et ce genre de quartier…Ce loup que croisent les deux jeunes filles se nomme Krug, c’est le visage de l’horreur qui apparaît. Chez Craven il semblerait presque qu’il n’est qu’un seul nom, Krug qui devient plus tard Krueger…Il faut s’arrêter quelque temps sur l’évolution de ce personnage. Figure humaine dans La dernière maison sur la gauche, brûlé et écorché vif dans la saga Freddy pour devenir un « hybride » dans Scream car à la fois masque et humain, doublement humain (ou monstre c’est au choix) car derrière ce masque ce cache deux personnes !

Mais ici, le visage de l’horreur est humain trop humain…Je vous l’ai dit plus haut, Craven livre un film diablement réaliste ce qui renforce la cruauté de ce métrage. La suite est bien connue, les deux jeunes filles vont être violées et torturées. C’est d’ailleurs en partie ce qu’en a retenus la critique de l’époque, un vulgaire film pervers, à sensation forte, pour malade mental. Un simple Rape and Revenge (tu me violes je me venge)…Je ne suis pas très connaisseur du genre et je crois qu’en dehors du pendable I spit on your grave, je n’en ai pas vu d’autre…A moins que l’on considère Le vieux fusil comme un Rape and Revenge…
Viol et vengeance donc, un film qui nous met à la place du voyeur, qui nous oblige la vision frontale de l’horreur…Mais là ou par exemple un film comme I spit on your grave justement, adopte le blabla linéaire, la vison violente et voyeuriste, Craven transcende le genre et énième coup de génie va bien plus loin !
Ce coup de génie c’est l’opposition, la confrontation de deux univers, par l’utilisation du montage et plus particulièrement du montage en parallèle. Pour faire simple deux actions en lieux différents mais se passant en même temps son montrées successivement à l’écran. Ici en l’occurrence, toujours dans le souci d’aborder la cellule familiale, Craven oppose dans un montage parallèle, la famille Krug et la famille Collinwood. Ainsi, alors que les parents de Mary préparent innocemment son anniversaire, leur fille se fait violer. La famille ne protége de rien ! Subtilité de Craven, qui a défaut de grand moyen utilise toutes les ressources du cinéma pour faire de La dernière maison sur la gauche un superbe film.

Opposition donc de deux familles. L’une aisée, riche etc…L’autre vivant dans un tout petit appartement, baisant les uns devant les autres, on serait même en droit de se poser la question de la consanguinité, buvant etc…Vous voyez le tableau…Deux types de familles mais aucune n’est mieux que l’autre…Il n’y a rien de bon dans le monde de Craven, rejetant à la fois le mode de vie 60’s (hippie on va dire) et à la fois le mode de vie bourgeois (il s’agit là d’un raccourcit et j’espère que l’idée est malgré tout comprise !)…Avec Craven, tout est foutue. Car répondant au schéma Rape and Revenge, après le viol vient la vengeance. Et là se sont les parents de la pauvre petite Mary qui font preuve d’une ingéniosité animal pour venger leur fille, cruauté qui ne vaut pas mieux que c’elle de la famille Krug …Cette petite famille bourgeoise bien pensante se montre violente, la femme sait comment attirer les hommes (et vas y que je te la bouffe au bord de la piscine !!) et lui brave médecin des familles sait créer des piéges, pareilles à ceux que la jeunesse américaine devait poser et subir à la même époque au Vietnam…On comprend maintenant toute la grandeur du film de Craven…Engagé, dénonciateur et d’un pessimisme ! L’homme ne vaut guère mieux qu’un animal, l’homme est un loup pour l’homme et le réalisateur renvoie du même coup dos à dos l’américain et le vietminh, le truand et le juge, le coupable et la victime ! En écorchant la cellule familiale c’est tout un système qu’attaque Craven et tout le reste qui s’effondre.

Mais Craven surenchérit dans le troublant quand il injecte dans l’inhumanité de l’humanité…Plan sublime, mais atroce, ou Mary vient de se faire violer et instinctivement, elle avance alors, de dos, dans l’eau d’une petite mare (importance de l’eau bien sur à la fois baptême, lavement, et aussi référence au film La source de Bergman, dont la dernière maison sur la gauche se veut être un remake)…Plan suivant, serré, les visages des tortionnaires, avec entre autre Krug qui se tord les mains ensanglantés, presque gêné et choqué par ce qu’il vient de faire. Seul moment de fausse humanité dans le film et il vient du côté le plus sombre…
Et que dire des flics, rôles pas si secondaires que ça, traités comme des sortes de Laurel et Hardy, idiots, incapables de ne rien faire ! Il faut les voire au milieu des poulets sur cette route de campagne pas si tranquille ! Ridicule !

Craven livre donc là, à mon humble avis, un très grand film, une œuvre totale qu’il serait bien trop facile de cataloguer en simple film choque. D’autant plus que les images sont superbes, réalisait avec peu de moyen (certains acteurs viennent du porno et la production est de Sean S Cunningham futur réalisateur de Vendredi 13 à l’époque spécialisé dans le porno !) mais qui s’est être sacrément convaincant.
Certaines images malgré tout sont d’une pure beauté…Et qu’elles sont ces images ? C’elle de la nature qui continue son cycle comme si de rien n’était, ce foutant bien de l’humanité, ou plutôt de la non humanité qui la traverse, la foule et la souille !
Il n’y a que dans La colline à des yeux que Craven ira aussi loin avec cette famille déracinée avançant avec sa caravane dans un désert troublé par les expériences nucléaires …Je reviendrais sur ce film un peu après. Laissons nous déjà le temps de nous remettre de la dernière maison sur la gauche.






Prochainement : Blood Feast et 2000 Maniacs ou quand le gore fait son entré au cinéma...Ou presque...