
Blood Feast.
USA-1963.
Réalisation : Hershell Gordon Lewis.
Scénario : Alison Louise Down.
Interprétes : William Kerwin, Connie Mason, Mal Arnold, Lynn Bolton, Scott Hall.
Images : Hesrhell Gordon Lewis.
Musiques : Hershell Gordon Lewis.
Production : David Friedman
Durée : 67 minutes.
Synopsis : Un restaurateur égyptien tue des femmes pour faire revenir à la vie une divinité.
Et l’on voit tout au fond, quand l’oeil ose y descendre
Au-delà de la vie, et du souffle et du bruit.
Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit.
Victor Hugo. Ce Que dit la bouche d’ombre.
Introduction : La chronologie ensanglantée.
Sur les parois de la grotte éclairée par une lumière vacillante, des ombres dansent, laissant entrevoir ici et là des dessins. La lumière les animent et d’un coup, une sagaie pénètre le flanc d’un aurochs, une pénétration violente et sanglante. Scène de vie, de peur aussi. Alors l’Homme comme pour exorciser ses démons intérieurs, comme pour éjaculer les peurs enfouies au fond de lui, dessinent des scènes violentes, préfigurant l’apparition des dieux et des premiers temps de l’esclavage. Car l’Homme qui dompte sa peur est un Homme libre…La magie des hiéroglyphes, la magie des écritures, 2001 L’odyssée de l’espace…Voyage fabuleux !
Avril 1886. Sur un quai à Paris, une petite foule qui va grossissante se masse…Elle veut voire celui que l’on nomme l’enfant de la rue verte. Un visage d’ange, reposant sur un siége rouge. Un visage d’ange, pâle, mort…Cette foule, qui n’est plus une foule mais un public, est venu soit disant identifier l’enfant mort, elle veut surtout sentir le cadavre. A peu prêt à la même époque apparaît le grand guignol et le musée Grévin, musée de statues pétrifiées dans une vie qui n’en est pas une et dans une mort qui n’est pas la fin. Alors, on vient voire toutes ces petites morts, comme pour se rassurer, comme pour se voir vivant…Se sentir immortelle, mettre une distance entre nous et le gouffre.
1899, un magicien c’est emparé du cinématographe. La magie s’invite au cinéma…Méliès filme Le suicide du Colonel Henry et à l’écran une tête éclate. Le sang jaillit, celui de la « sagaie », la mort s’empare de la toile blanche…Le cinéma est ce lieu étrange, cette caverne ou les ombres de la vie et de la mort s’accouplent, ou le passé rejoint l’aujourd’hui, sans laisser une seule part au futur. Une distance que la lanterne magique place entre nous et notre fatidique destin. Une histoire de distance….
1929. En gros plan, un œil est coupé en deux, un œil de femme. Dans le ciel un nuage passe devant une lune. On crie au scandale, Dali et Bunuel sont à deux doigts de passé sur le bûché avce Le chien Andalou !! Pourtant ici s’allie la violence brute et la poésie la plus folle. Un rêve éveillé, qui fait surgir sur les parois de notre conscience tant de choses englouties, l’éros et le thanatos…Il s’agit pour beaucoup du premier vrai acte, horrifique. Pour moi il est le plus beau ! Car l’Eros et le Thanatos…
Ceci étant dit nous en arrivons enfin au film qui nous intéresse, la fête du sang, la fête des fous, le couronnement du voyeur, le début de la fin…
Mais pourquoi cette fastidieuse introduction, remplit de dates ? Parce qu’il est important de comprendre que le cinéma n’est pas une évolution (ou une révolution) artistique mais qu’il est une création scientifique et moderne qui n’est jamais arrivée à ce couper des mythes anciens, des religions dîtes archaïques, qu’il est la fin de ce fil que le premier homme a tendus il y a quelques années en figeant sur la parois d’une grotte ses peurs, qu’il a transformé en dieu puis qu’il a cherché à mettre « à part », en posant une distance entre lui et la Chose ! Le cinéma ne fait que dire la fin de notre société…Tout était déjà là et le destin s’accomplit presque sans nous. J’espère que vous avez saisit les liens que j’ai voulut tisser et j’y reviendrais par la suite.
1-Juste pour un regard de toi…
Le cinéma répond au besoin du voyeur. Nous sommes ainsi, nous autres, pauvres humains, contrôlés par des pulsions que l’On a mis en nous, des pulsions que la plupart d’entre nous essayons d’occulter. Pourtant, nous ne répondons toujours qu’au seul et unique besoin du toujours plus. Toujours plus d‘argent comme si ainsi notre lendemain pouvait être éternel, plus de notes jusqu’au point d’en oublier la mélodie, plus d’images jusqu’à créer le cubisme et plus prêt, toujours plus prêt, jusqu’à en oublier même la nature même, je veux dire le naturel, de la vision. La vraie création cinématographique c’est le montage. Tout faiseur d’image est un jour confronté à ce fameux montage…Et si ce montage existe c’est que la vision qu’offre le cinéma n’est pas une vision naturelle. J’en veux pour preuve le gros plan.
Je parlais tout à l’heure du Chien Andalou, ce film était pour moi le denier rempart à franchir avant d’atteindre l’inaccessible. Et pour atteindre cet inaccessible il aura suffit d’un gros plan, celui de cet œil tranché en deux, coupé sur son hémisphère et relié à la symbolique lunaire.
Loin de moi de vous proposer une analyse du Chien Andalou c’est pourquoi, si vous me le permettez, je ne retiendrais pour l’instant que ce Gros Plan. L’acte en lui-même est bien sur un acte violent, mais ce qui créer cette violence ou du moins qui l’accentue, c’est justement le fait que l’œil est filmé au plus prêt, vision peu naturel ou alors de l’ordre du très intime. Ce qui n’aurait pas dut être vue et ici montrer. Ce qui était de l’ordre de l’intime, ou ce qui dans le théâtre classique aurait du se passer derrière le rideau est ici le centre de notre attention. Il explose face à nous et franchit le cap de « l’inmontrable », c’est à dire de l’obscène (dans le sens ou il ne peut pas être montrer sur scène) voire donc du gore…Avec le Gros plan, nous franchissons l’ultime étape du cinéma, nous oublions l’âme, l’humain, le contexte pour nous fixer sur ce qui n’aurait jamais du être vu. Si Godard disais le traveling est une question de morale, je dirais le Gros plan est une question de morale…Car le Gros plan, fait pénétrer l’intime, le plus intime, dans l’esprit d’un spectateur qui n’est pas préparé à cela. Le gros plan est l’acte le plus abject du cinéma, il est le domaine du gore ! Je tiens à prévenir que le gros plan peut aussi être quelque chose de symbolique et que parfois il ne faut pas s’attacher stupidement à la nomenclature des plans comme s’il existait une grammaire fixe du cinéma, mais bien allé chercher la force du symbole dans l’image…
Nous en voilà donc arrivé à Hesrhell Gordon Lewis…En 1963, ce réalisateur américain n’est qu’un artisan mineur d’Hollywood. Un petit fabriquant de nudies, c'est-à-dire des bandes que l’on vend dans les drive-in ou le scénario doit comporter quelques plans de nues sobres mais croustillant. D’ailleurs Blood Feast en propose un très bel exemple quand la pas très belle (désolé !!) Connie Mason, qui est à la base une simple palymmette, prend un bain de soleil en compagnie de ces quelques jolies amies. Voilà, ça vous donne une idée du genre de bande que pouvait produire Lewis.
Mais, donc, en 1963, avec son ami et producteur, David F Friedman, il écrie et tourne à la suite d’une des ces gentilles cochonneries, un film nouveau, un truc du genre : « rien de comparable dans les annales de l’horreur »…Tourné très rapidement, écrit tout aussi vite par une ex-flic, Hershell Gordon Lewis devient le créateur, aujourd’hui on le surnomme le grand père du gore, de la première vrai bobine sanglante…
Alors qu’est ce qui fait son originalité, qu’est ce qui fait que ce film devient un « premier » ? Et bien pour moi, clairement c’est le gros plan, avec toute sa valeur psychologique et symbolique. Gros plan de démembrement par exemple. Bon, autant le dire de suite, ce n’est pas aussi bon que Lucio Fulci, mais ce dernier est le seul réalisateur dit gore qui a vraiment mon estime, car il est le seul qui a sut porter aussi loin l’esthétique et la "mythologie" du démembrement, de la liquéfaction des chairs, du sang dégoulinant, débordant de la scène et du cadre à grand renfort de Gros plan.
Bien sur, Blood Feast possède son lot d’horreur et de plan de l’intime.
Mais il est un gros plan qui pour moi dit tout le film et qui même dit tout le gore. Etrangement, ce plan là, n’est pas sanguinolent.
Fuad, le meurtrier, tient une échoppe égyptienne. Vous verrez plus tard ce qui se passe dans le fond, derrière le grand rideau rouge qui dissimule son arrière boutique. Une femme entre, la mère de Connie Mason. Elle veut organiser un repas original pour l’anniversaire de sa fille. Et là, génie de Lewis, repris d’ailleurs plus ou moins au Mabuse, docteur hypnotique, il insert un gros plan, très gros plan des yeux. Un gros plan qui dure, et qui dure, et qui dure…Elle est hypnotisée donc, et fait marquant, nous le sommes aussi. Pour une fois comme on ne le sera peut être plus jamais on partage une intimité mal saine avec le tueur…Ce gros pan symbolise toute l’attirance, cette incapacité que nous avons a détourner le regard dans notre volonté du voire. C’est très certainement ce regard là, mais en moins intime, que devait avoir l’enfant de la rue verte…Nous sommes happé par cette bouche œil, ce gouffre dans lequel nous plongeons, dans ce face à face morbide. Voyez vous toute la subtilité du gros plan ? Et c’est Herschell Gordon Lewis qui nous l’offre avec des gros plan purement gore…Quelque chose devient palpable, quelque chose de surnaturel et de surréaliste…A la fois nous violons l’intimité d’autrui, avec cette caméra qui nous rapproche et donc grossit comme un monstre le personnage et en même temps ce dernier viole notre intimité. Alors ce gros plan dit beaucoup…Et l’on voit tout au fond de l’œil…On voit les crimes, on voit le sang…Mais ce sang là, on le connaît déjà, il est déjà en nous, mais on préfère voire celui des autres…Comme à l’époque des gladiateurs…Nous voyons et nous vomissons avec nos yeux. Il y a ce regard de Fuad et il faut le mettre en parallèle avec les crimes atroce qu’il commet !
Voilà la vrai création de Lewis, être aller plus loin que l’œil, plus loin que la scène et d’avoir poussé sans crainte, d’un geste rapide, le rideau rouge qui cache toutes les exactions de Fuad, qui cache tout ce qui est au fond de nous…L’intérieur de nous…L’intérieur du fou…Si le plan large met en valeur les structures internes d’un système donné, le Gros plan met en valeur l’interne lui-même, l’intérieur le plus invisible devient visible, mais sans la structure, sans le monde, ou du monde sans la structure monde du plan large…L’amas de trippe n’est plus corps, il est une structure, une partie du corps coupé du reste.
Chacun des crimes proposés par Herchelle Gordon Lewis met cela en évidence, c’est à dire des plans, des objets, des choses, des corps ou je ne sais quoi d’autre, qui sont « coupés » et bien plus encore, coupé du monde, des objets sans contextes qui deviennent des formes barbares et brutales pareilles à ces associations surréalistes. Le Chien Andalou est un cadavre exquis, Blood Feast est un exquis cadavre qui ne se reconstituera plus.
Attention je ne suis pas en train de dire que Blood Feast est un film surréaliste, non, il est même à mon avis, humain trop humain, mais je dis qu’en posant le gore il pose le gros plan et même va plus loin (car sinon on avait déjà ça dans le chien Andalou) en ajoutant à ce viole de l’intime, la couleur…Reste que pour moi la vraie question du gore, et c’est pour ça que je tiens tant en estime Lucio Fulci, reste le gros plan. En découpant un objet de son cadre, de son contexte on en fait en quelque sorte un agrandissement, un monstre qui malgré tout recolle à une réalité dans la qu’elle, par la même, on injecte de l’horreur. En coupant une jambe, en l’enlevant de son contexte on en fait une atrocité….
En ce sens Blood Feast est un film sans fond, je veux dire par là sans profondeur de champ. A aucun moment nous n’avons le droit à une mise en perspective, donc à aucun moment nous ne pouvons deviné un avenir, une quelconque once de joie…Le Gros plan engloutit les corps et l’œil les dévorent. Le gros plan s’approche tout en niant l’individu, c’est à dire, et c’est toute la symbolique du regard de Fuad, nous nous approchons du monstrueux, de la raison qui s’endort. C’est à mon sens ça le gore et c’est en mon sens cela qui fait de Blood Feast un excellent film dans ce genre et peut être même l’unique…Nous franchissons ici un seuil qui, en matière d’image, n’a que rarement était franchit. L’obscène au sens propre du terme, l’horreur quasi gratuite…Nous renouons ici, avec la sagaie, nous ne cherchons pas à expliquer l monde, à le mettre en perspective ou en équation, nous constons juste, sans pouvoir intervenir. Nous le voyons en état d’hypnose, comme le premier homme a dut regarder, avec horreur, la foudre s’abattre prêt de sa grotte. C’ets la notion de rationalité elle ême qui est relise en cause, c’ts notre quotidien lui-même qui devient invivable au point ou on ne peut plus le comprendre.
Cela étant dit, et j’espère bien entendus, il nous faut forcement nous intéresser à ce qu’il y a de plus gore dans le film : les crimes. Que des femmes bien entendues…Le premier crime filmé, avant même le générique, est pour moi une véritable leçon de mise en scène malgré les rudiments employés par le réalisateur. Il faut absolument la voire, même si je ne vais pas vous en parler ici. Cependant notons que dans ce premier crime comme dans tous les autres, il y a absence de perspective, ici un mur, ailleurs la nuit, encore un mur. Impossible de dire le monde, impossible d’être dans le monde et impossible de le fuir.
Rien n’est possible, même pas l’amour…Regardé ce petit couple tranquille sur la plage, qui a enfreint la règle des douzes coups de minuit, et qui vont se faire tuer. Tous les crimes possèdent leur gros plan. Tous nous montre que face à cette impossibilité règne une horreur sans nom.
Exemple encore plus frappant, c’est ce crime ou le son n’est plus avant le meurtre et ou au moment du crime, le son réel revient, un crie. Comme si la réalité n’arrivait pas à passer, toujours rattrapée par l’horreur. Le gros plan des crimes nous met face à face, tout comme le gros plan des yeux de Fuad nius mettait face à face, à l’indicible, à l’insondable et à abject. C’est ce qui fait à mon sens un grand film gore et ils sont peu nombreux…
Je voudrais avant de passer à autre chose, noté aussi en plus du gros plan, l’utilisation du flou. A plusieurs reprises au cours de ces scènes meurtrières, le plan devient flou, contourné par l’acte de montage, mais toujours bien visible malgré tout. Le flou c’est deux choses : l’excès et le manque de précision. L’excès quand on s’approche trop des choses, quand la caméra réagit physiquement à cette approche brusque et brutale. La mise au point ne se fait plus.
C’est aussi le manque de précision, car on est comme surpris par l’objet que l’on filme, surpris de se retrouver si proche, une sorte de réaction au contact des chairs. Dans cette zone de flou donc, il y a ce quelque chose, cette indisble, cette espèce de trou noir, cette variable qui nous fait tendre vers l’inconnue.
Le flou chez Hercshell Gordon Lewis, c’est cette impossibilité de dire le monde, cette impossibilité d’aller plus loin…Une censure ? Non, je ne crois pas…Plutôt une réaction physique de la camera face au biologique insoutenable…Une histoire de morale ? Non. Car si le Gros plan, comme nous l’avons dit plus haut est une question de morale, le garant n’est pas le réalisateur mais bien sur le monteur qui choisit de garder ou pas, d’insérer ou pas…Non, il s’agit là, d’une sorte d‘angoisse du filmeur, une angoisse qui se traduit par une étrange inexactitude, qui transparaît à l’intérieur même du plan…
Blood Feast n’est pas un film qui dit le monde, mais plutôt qui ne dit pas le monde, qui fait abstraction du monde pour passer à travers l’objet, le corps lui même n’étant qu’un objet, les victimes n’étant plus rien d’autre que la viande. A part Fulci le cinéma n’a jamais était aussi loin dans le non dit, dans le non monde, dans ce qu j’appelle pour ma part, le grand nulle part. Pour trouver des équivalent il faudrait aller voire du côté de la peinture, du côté de Bacon, Soutine, les monochromes de Malévitch (n’y a-t-il pas plus blle façon que de dire adieux à l’œil) et peut êre même du côté des abstractions, qui sont les seules images qui vont plus loin dans le sens ou elle traverse carrement la matière…
2/ Archaïsme et Primitivisme :
Bien sur comme vous pouvez vous en doutez en lisant ce court billet, je n’ai retenus de Blood Feast que les scènes gores, les meurtres en faîtes. C’ets peut être qu’il n’y a pas grand-chose d’autres…Je vous l’ai dit Blood Feast est un film sans fond…
Mais il ne faudrait pourtant pas négliger le reste…Car Hershell Gordon Lewis fait ici preuve d’un archaïsme génial et d’un primitivisme fabuleux ! Pour ma part, je trouve ça très beau. On oublie souvent les choses simples, ce qui fait que ces mêmes choses simples se perdent. Rappelez vous cette phrase de Robert Bresson qui disait pourquoi mettre deux violons là ou tu n’en a besoin que d’un…Bon, ce n’est pas franchement le cas dans Blood Feast et je dirais même qu’il y a du baroque dans ce film, surtout dans cette génial première scène d‘ouverture, fond bleu etc…
Mais il faudrait aussi nous rappelait de Picasso qui après avoir reproduite toutes les peintures du Prado, tombent amoureux d’une statue africaine, art simple et primitif qui le conduira vers d’autres chemins, ceux là même que l’on connaît.
L’archaïsme d’Hesrhell Gordon Lewis remonte à la nuit des temps. Rappelez vous mon introduction sur la caverne. Rappelez vous maintenant le rideau rouge que nous n’avons pas encore franchit et qui se trouve ans l’arrière boutique de Fuad. Il ets temps maintenant de passé à travers…
Nous y voilà et ou avons-nous pénétré ? Dans la grotte, dans ce lieux fermé ou se créer le culte sanglant, ou se créer la nouvelle déesse, le veau d’or…Retour au source d’une humanité, retour dans la grotte première…Nous y voilà donc et vous comprenez alors qu’elle interconnexion Blood Feast fait intervenir. Nous voyageons des millions d’années en arrière. En choisissant une sorte de sorcier des temps anciens perdus dans une civilisation qui ne peut le reconnaître, au nom de la morale encore et toujours, Lewis nous fait pénétrer les univers oubliés, la cruauté première, qui sous le couvert des dieux, s’adonner au pire des sévices.
Encore une fois dans cette grotte des horreurs, base de notre humanité et matrice génératrice de morale, il n’y a pas d’échappatoire, pas de mise en perspective.
Il faut alors se pencher vers Méliès, le magicien pour comprendre (vous voyez qu’elle n’était pas inutile mon introduction !!). Des plans de Méliès on dit couramment qu’il reprenne le point de vue du monsieur de l’orchestre. C’est à dire qu’il n'y a pas dans les films de Méliès de mouvements de caméra et que dans sa fixité la machine épouse le regard de monsieur tout le monde, le regard d’un sectateur lambda dans un théâtre. Ce qui n’enlève rien de la magie et de la superbe des films de ce génial créateur.
Et bien, dans cette idée d’un primitivisme fabuleux, Lewis reprend à son compte ce type de plans, filmant frontalement, emprisonnant le regard, pas toujours dans l’horreur d’ailleurs, et donnant plus un spectacle (on pense au grand guignol bien sur !!) qui dit encore l’impossibilité de voire et même l’impossibilité d’échapper au reste…Une sorte de théâtre filmé, comme on peut le voire entre autre dans les scènes ( catastrophiques ??!!) du commissariat, un théâtre sur joué comme pour être au dessus, au dessus du monde sans pouvoir ni le voir, ni le toucher…Peut être que le vrai atroce est là…Juste dans l’impossible, dans l’inatteignable…
Blood Feast est un film étrange donc, à la fois pionnier, découvreur de nouvelle terre, mais en même temps renouement avec la beauté du primitif, de l’archaïque et du cinéma d’entend. Un film qui ne dit rien et d’on le seul message est là, dire l’impossibilité du dire, montrer ce qui ne se montre pas. Lewis, en véritable pionnier franchit des frontières que personne n’a franchit avec autant d’habileté et de bravoure exception faîtes pour Lucio Fulci.
Alors bien sur, Blood Feast est un film un peu vieux, un peu passé mais peu importe…C’st aussi ce qui fait son charme. Il reste encore comme toujours une trace du plus bel archaïsme, de celui que je préfère, de celui qui reste attaché à mon cœur comme un boulet : le conte…Car Fuad est un méchant loup qui dévore les pauvres petites filles, mais qui paiera pour ses crimes abject et son cannibalisme.
Il s’agit pour moi d’un summum que l’auteur lui-même n’égalera jamais…
Je ne sais pas encore de quoi je parlerai prochainement...Et je ne sais pas si j'y arriverai...Je ne sais pas...Je ne sais même pas si je continuerais...Merci en tout cas aux quelques uns qui me lisent...Franchement ça fait trés plaisir...Merci pour les commentaires...